Le Macramé comme Invitation aux Voyages

(Bénarès - Inde) 🕉

Benarès 2005

Le Macramé que j’utilise pour mes créations est la « Technique », le « Moyen » d’expression me permettant de vous partager mon univers.

Derrière ces objets, il y a la « Substantifique Moelle ».

Et parmi les nombreuses sources d’inspiration qui la nourrissent, il y a les voyages… Alors pour cette première publication, je vous emmène en Inde avec un texte que j’ai écrit quelques années après ce voyage initiatique que j’ai eu la chance de faire en 2005.

Il vous permettra (peut-être) de comprendre pourquoi Ganesh est le « produit phare » de mes collections… Je n’ai pas la prétention « d’écrire », juste le désir de vous embarquer avec moi !

Embarquement immédiat pour
"La Lumineuse"

Bénarès Bords du Gange

« Une vie ne serait pas suffisante pour découvrir notre Belle Planète,

Une vie ne serait pas suffisante pour découvrir l’Inde,

Une vie ne serait pas suffisante pour découvrir Bénarès….

Bénarès ou Vârânasî, « la lumineuse », une des sept villes sacrées d’Inde, au confluent de la Varuna et de l’Assi, au bord du Gange, ville sacrée entre toutes où il faut mourir pour arrêter le cycle des réincarnations.

24h de ma vie dans cette ville, c’est bien peu au regard de notre temps si précieux en Occident, mais suffisant pour emporter une essence magique qui refleurit à chaque fois que mon esprit l’y invite.

On n’arrive pas dans cette ville, on « tombe » dans ce lieu mythique. Le temps et l’esprit s’arrêtent pour ne faire place qu’à l’émotion, au ressenti dans toutes ses dimensions qui frôlent l’indescriptible. Les ruelles tortueuses m’ont laissé un souvenir de dédale serré interminable où se frôlent les couleurs, les odeurs : les volutes d’encens sont perceptibles et palpables, les relents nauséeux de fumée des crémations collent à la peau, la poussière recouvre les pieds qui cherchent à éviter les rongeurs qui se faufilent…

Soudain, au détour d’une ruelle, la lumière du soleil couchant irradie les berges du Gange et vous plonge dans une vision surréaliste : les roses, rouges, jaunes, ocres vous assaillent. Le brouillard vous enveloppe pour mieux vous absorber corps et âme. Les feux des crémations alentours vous attirent et vous repoussent par leurs flammes envoutantes… Je ne suis plus un humain, je suis UN avec tout ce qui m’entoure, une seule et même entité qui vibre au son des psalmodies du tambour…

Mon regard glisse imperceptiblement sur une petite forme enveloppée dans un linceul blanc à mes pieds. Un homme la contemple, grave, solennel et la pousse doucement dans le fleuve qui la berce, l’enveloppe, l’emmène lentement, au milieu des offrandes de fleurs…

Un peu de moi est tombé dans le Gange ce soir-là, un peu de cette terre si riche de mes volcans a glissé dans ces eaux troubles au milieu de ces mille lucioles déposées une à une sur le fleuve, un peu de mon âme est resté en ce lieu indescriptible aux relents de vie et de mort.

A l’aurore, le spectacle recommence, semblable et différent. Le brouillard se lève lentement tandis que les couleurs éclatent une à une en un feu d’artifice fantastique. Les hommes lavent le linge abondamment dans les eaux boueuses, et étalent sur les berges les chemises d’un blanc éclatant. Les enfants courent joyeusement tandis que leurs mères, les yeux fermés, se plongent avec ferveur dans l’eau purificatrice. La solennité de ces ablutions mêlée à l’impudeur de ces instants pétrifie le voyageur absorbé dans la contemplation de cette beauté magistrale.

On ne revient pas d’Inde tout à fait intact, on revient de Bénarès profondément marqué. »

© Christine Gallay – 19/02/2011

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